De l'autre côté - Partie I [Vosnir, Myria, Enzu, Kylaarad, Nyil]

Ainsi, les premiers rendez-vous se soldent par des échecs. Lumière, chef de la caravane, savait visiblement présenter l’entreprise et les profits qui pouvaient en être tirés. Vosnir, qui connaissait les jeux et enjeux de l’éloquence ne pouvait qu’admirer les efforts que mettaient la jeune femme à convaincre ses interlocuteurs. Il avait même cru plusieurs fois qu’elle allait y parvenir. Mais l’absence d’assurance sous quelque forme que ce soit mené toujours les négociations au même point.
Jusqu’à présent, il était resté en retrait, observant le déroulement des négociations. Il finit par proposer à Lumière de se tourner vers des partenaires Nains, avec qui il était certain d’avoir le plus d’affinité et d’utiliser son nom pour entamer les négociations. Se faisant il lui dévoilait son statut royal et ses origines. Lumière en fut surprise, elle le pensait noble certes, mais de là à deviner qu’il était prince, il y avait un sacré chemin à faire. La proposition était des plus intéressantes, aussi décida-t-elle de lui confier la direction des négociations.

Lumière et Vosnir semblait entreprendre ses affaires très bien, peut-être si bien que Kylaarad se sentait un peu de côté, la plupart de ses remarques lui valant des coups d’œils peu appréciables de leurs interlocuteurs.
En sommes, ça n'avait rien d'amusant.

Cependant, alors que’ils quittaient un marchand d'armure qui avait refusé toutes leurs offres sans vraiment vouloir les écouter, il aperçu un visage familier. Là, adossé à l'entrée d'une étroite ruelle, une halfeline rousse lui faisait signe de la rejoindre. Elle n’attendit aucune réponse de sa part avant de s'engouffrer dans la ruelle. Sa vive disparition n'était sans doute pas sans rapports avec les gardes nains qui semblent patrouiller dans toutes les ruelles de la ville depuis ce matin.

Kylaarad ignora l'invitation de l'halfeline et reste avec Lumière et Vosnir. Il restait proche de ses deux compagnons comme un enfant ne quitte pas ses parents.

Il avait pris une sage décision, le souvenir de la nuit dernière le lui assurait. Il suivi Vosnir et Lumière dans une autre échoppe. Un tisserand cette fois-ci, un elfe au regard perçant. Lumière semblait dire qu'il était réputé dans la cité, ses articles avait le mérité d'être beaux en tout cas. Néanmoins, il repoussa toute les propositions de Lumière sans y prêter beaucoup d'attention. Au contraire, c'était Kylaarad qu'il observait le plus avec un regard sévère. Cette personne avait déjà du croiser un Kender et ce dernier avait du repartir avec un souvenir non payé.. Des choses qui arrivent fréquemment.


En sortant de la boutique Kylaarad est arrêté par quelque chose qui tire légèrement sur sa manche. Une silhouette encapuchonnée, aussi haute que lui se tenait cachée derrière l'encadrement de la porte.

-Mon... Monsieur? Pas taper! Pas taper!! Goby ami! Monsieur pas vu Maîtresse? Maîtresse furieuse et Goby peur quand Maîtresse furieuse. Opération r'froidir la rouquine en cours! Vous aider Goby? Goby veut pas mourir.. S'il vous plaît monsieur?

Bien que sa voix ait eut quelques sautes d'humeur étrange, il avait parlé tout bas et ni Vosnir, ni Lumière ne s'était aperçu que le Kender étais en retrait. Ils étaient apparemment absorbé dans une quelconque discussion, probablement pour sélectionner le prochain artisan.

Enzu et Ombre s'étaient éloignés de Myria très vite et avaient laisser les corvées à cette dernière alors qu'ils regagnaient l'auberge.
Le jeune homme était perplexe. Ombre resta secrète tout le long du trajet, jusqu'à ce qu'Enzu comprenne qu'elle le ramenait à l'auberge.

Il n'avait pas eu l'impression d'avoir fait une si forte impression auprès de la séduisante chanteuse, d'autant qu'il croyait que la relation entre le duo d'artistes était plus qu'une simple relation professionnelle.
D'autre part, ils s'étaient engagés tout les deux à organiser le voyage en une unique journée, il ne pensait pas que batifoler avec Ombre tandis que le reste du groupe étaient au préparatifs était juste.
Il était sur le point de glisser une remarque lorsqu' Ombre se retourna.

-J'ai besoin de vous demander un service. Est-ce que vous pourriez vous rendre au sud est de la cité. En suivant les grandes voies, vous tomberez sur un puits. Prenez la ruelle qui sent le plus mauvais, il y en a une qui se démarquera, je vous assure. Suivez là jusqu'à arriver à devant un petit taudis en bois, bloquant toute la voie. Si vous y trouvez quelqu'un donnez lui ça. Ne parlez pas de moi, si possible ne lui parlez pas du tout. Et revenez vite, aussi vite que possible. Ce n'est pas un endroit très recommandable.

Il s'était fait de fausses idées. Ombre lui tendit une petite boucle d’oreille, sertie d’une petite pierre faisant penser à une émeraude.

Ombre cachait définitivement bien trop de choses à son entourage. De quoi parlait elle ? La boucle d'oreille qu'elle lui tendit ne semblait pas avoir une valeur très important. Elle ne semblait cependant pas plaisanter. Enzu était dans l'ombre. S'il savait que quelqu'un avait essayé de s'en prendre aux vies de Myria, Ombre, Lumière et Vosnir, il ignorait tout du commanditaire. Est-ce que cela avait un rapport ? Était-ce simplement une vieilles connaissance à elle qu'elle ne souhaitait pas revoir ? La manière dont elle en parlait sous-entendait un danger.

Enzu se saisit de la boucle d'oreille.

"Je suis censé attendre quelque chose de cette personne en échange ? Si personne ne s'y trouve, dois-je laisser la boucle d'oreille sur place ?"
Ses questions étaient censées, aussi Ombre y répondit, visiblement hésitante sur ce qu'elle voulait laisser échapper et ce qu'elle devait pourtant dire.

-Il n'y a rien à attendre, rien qui ne nécessite que vous vous attardiez là bas. S'il n'y est pas, c'est qu'il n'y a personne à qui donner la boucle d'oreille. Si par chance c'est le cas, vous pourrez la garder ou la jeter. J'insiste, ne lui parlez pas plus que nécessaire.

Après avoir obtenu la réponse à ses questions, il s'apprêta à prendre le chemin de l'endroit désigné. Il ajouta cependant avant de partir.
"Je ne demanderai rien de plus. En revanche, j'attendrai des explications à mon retour."

Elle lui offrit un grand sourire rassurant avant qu'il ne parte.

-Je n'aime pas les explications, mais je vous devrais bien ça.
[cente]***[/center]
Les indications d'Ombres étaient minimes, mais suffisantes, Enzu n'eut aucun mal à trouver le puits qu'elle avait indiqué. Elle ne l'avait pas dit, mais ce puits se situaient dans ce que la plupart des gens appelaient "le quartier des esclaves" qui portaient aussi le nom des ruelles noctambules.
Au vu des nombreux bâtiment délabré, il était facile de se douter que le quartier avait eu un passé reluisant et que beaucoup d'historie l'avait mené à un triste état.
Malgré l'état du quartier, il n'était pas moins peuplé que les autres de la cité, peut être plus que la plupart mais tout de même moins que le quartier commerçant. Sur la place, la foule qui passait autour d'Enzu lui lançait des regards curieux.

Il semblait qu'aucun n'était dupe, quant au fait qu'il n'était pas à sa place ici.

Encore une chose qu'Enzu avait pu observer. Depuis qu'il était entré dans ce quartier, personne ne s'était engouffré dans l'une des ruelles. Plus exactement, personne ne s'en approchait.
Celle que tu cherchais était en effet reconnaissable à son odeur. Ce n'était certes pas le point fort du quartier, mais l'entrée de la ruelle atteignait son paroxysme. (Test de Vigueur DD14 ou Nauséeux)

Avant même d'y entrer, Enzu pouvait voir que l'étroit chemin serpentait entre différent bâtiment, aussi n'en voyait-il pas encore le bout promis.
(Jet de vigueur : 12 -1 : 11 Échec)
Ombre n'avait pas mentit : l'odeur était épouvantable. Enzu savait très bien que toutes les grandes villes avaient leur part de quartiers malfamés où s'entassaient tous ce que la ville ne voulait pas.

Mais cette rue, elle dépassait tout ce qu'il avait connu. L'odeur n'était pas seulement repoussante, elle était assommante. Le jeune homme ramena sa main devant la bouche, tachant de garder dans son estomac le repas qu'il avait difficilement ingurgité après sa soirée arrosée.

Même les personnes qui semblaient habiter l'endroit fuyait cette rue. C'était suspect, anormal ... surnaturel. Enzu en fut convaincu après une observation attentive , quelque chose de magique était passé par là, un résidu d'une magie immonde.

Enzu n'en fut que plus prudent. Ombre l'avait déjà mis en garde, cette immondice ne fit que renforcer ses appréhensions.

Il traversa la rue, tachant de repérer le moindre danger qu'il pourrait trouver sur son chemin.

(Jet de Détection 13 +8 : 21 )

Il tacha de se souvenir ce que lui avait dit Ombre "..Suivez là jusqu'à arriver à devant un petit taudis en bois, bloquant toute la voie."

Y avait-il effectivement une bâtiment répondant à cette description ?

Tandis qu'il progressait le long de la ruelle, le regard alerte d'Enzu s'arrêta sur des mouvements suspects, mais lorsqu'il s'arrêtait pour observer ses mouvements, il ne voyait que les murs nus de la ruelle. Il arriva plusieurs fois qu'il eut l'impression de voir quelque chose mais qu'il n'y eut rien à observer.
Les ombres semblaient lui jouer des tours, mais il était néanmoins sûr d'une chose: il était bel et bien seul dans cette ruelle. Il en avait la certitude absolu.

Il finit par apercevoir sa destination, sans que le moindre accident ne survienne. L'étroite ruelle aboutissait sur des planches de bois pourries. Un brèche, au bas du mur usée semblait servir d'ouverture. Si cela pouvait être considéré comme une habitation, alors ce devait être le taudis dont avait parlé Ombre.

Lorsqu'Enzu ne fut plus qu'à une dizaine de pas du taudis, des bruits s'en échappèrent, des froissement de tissus, un râle puis comme un cliquetis.

-T'es-tu perdu, mon enfant?

La voix douce et chevrotante trahissait l'âge de son propriétaire, un homme vraisemblablement. Alors que les bruits de tissus se poursuivait dans le taudis, deux lumière argentées finirent par percer la pénombre de l'entrée.

-Oh non, non, non.. personne ne s'égare jusqu'ici. Tu as un but n'est-ce pas? Il n'y a que deux types de personnes qui viennent ici. As-tu une question à me poser?

Une petite main émaciée sortit de l'entrée, traînant derrière elle le corps émacié d'un vieil homme au crâne presque chauve. Les lueurs argentées provenaient de ses yeux, qui brillaient d'un éclat inhumain, race à laquelle il semblait pourtant appartenir.
Il se tirait lamentablement hors de sa demeure, visiblement affaiblie par la malnutrition. Son regard ne quittait pas Enzu le temps d'une seconde. Pour tout dire, il ne semblait pas avoir besoin de cligner des yeux non plus.

-C'est toujours plus simple quand ils viennent pour des questions.

Peut-être était-ce dû à l'odeur, peut-être était-ce l'apparence de cette personne, mais lorsque le vieillard s'avança, il recula d'un pas en un geste de dégoût.
Il s'en voulut un petit peu. Cet homme vivait apparemment seul et isolé, et il n'était pas responsable de l'apparence qu'il dégageait. Son regard argenté lui fit se demandé s'il n'était pas aveugle. Mais c'est lorsqu'il parla qu'Enzu eut une étrange intuition.

Il était bien au courant des changements qui s'étaient opérés sur son corps suite à sa "mort". Les magiciens lui faisaient part régulièrement des résultats de leurs observations. La voix qui devient plus douce et mélodieuse. Un corps devenu frêle et affaibli, des cheveux blanchis, et bien sûr un regard troublant.

Était-il pour la première fois de sa vie face à une personne dans la même condition que lui ? Il y avait cependant une dernière chose que même les magiciens ignoraient, la chose essentielle qui avait permis à Enzu de s'échapper de leur poigne.

Il était un fantôme. Comme chaque enfant, Enzu avait entendu les histoires concernant ces spectres, retenu à l'endroit de leur mort et condamné à l'hanté pour l'éternité.

La conclusion du jeune homme vis à vis de sa condition était que son fantôme hantait son propre corps. Il pouvait s'en éloigner dans un forme fantomatique, mais quoi qu'il arrive, il serait contraint d'y retourner. Ce n'était cependant pas comme s'il tenait à quitter son corps.
Bref, il était un affreux mélange entre le mort et le vivant, le corporel et l'incorporer. Il avait pensé sa condition unique, au vu du comportement des magiciens à son égard, mais peut-être n'était-ce pas le cas. Peut-être était-ce simplement extrêmement rare.

Pouvoir spécial d'extraction, détection des morts-vivants intangibles.

Quoi qu'il en fut, il ne tenait pas à rester plus que nécessaire. Ombre avait expressément dit de ne pas parler à cette personne dans la mesure du possible, et peut importait s'ils étaient semblables, il n'avait aucune envie de taper la discussion avec cet homme.
"Je n'ai aucune question. Je suis simplement venu vous donner ceci."
Il sortit de sa poche la pierre qui était la raison de sa visite et la donna au vieillard.

Enzu n'attendait rien de plus et s'apprêtait à partir.

Aux mots d'Enzu, le visage du vieillard se déforme pour devenir perplexe. Il semble hésitant, peut-être même craintif, avant de tendre la main pour essayer de se saisir de l'objet. Néanmoins, sa main s'abat plusieurs fois dans le vide, semblant confirmer la pensée d'Enzu que l'homme était bel et bien aveugle.

Cela force donc Enzu à approcher sa main de celle de l'homme pour qu'il puisse enfin la refermer sur la boucle d'oreille.
Enzu s'apprétait à repartir quand l'autre main du vieillard attrape son bras tendu, avec une force inattendu.

Quand Enzu regard à nous veau le vieillard, il est ébloui par l'éclat de ses yeux qui n'ont plus rien de simples lueurs.

-C'est la bonne direction, la danseuse n'a que quelques jours d'avances. Elle traque la grande ennemie, elle tente d'approcher la mort. Le bonheur des uns fera le malheur des autres.

La poigne se relâche, et des larmes coulent des yeux du vieillard tandis que la lumière ne redevient plus qu'une petite lueur étrange mais insignifiante.

-C'est Ombre qui vous envoie? Est-ce qu'elle va bien?

Disant cela, il tandis sa paume, présentant à nouveau la petite boucle d'oreille à Enzu.

Rien de surnaturel à première vue. Un simple vieillard.
En fait, non. Un oracle semblait-il. Ses yeux aveugles s'étaient illuminés, et il avait prononcé quelques phrases mystérieuses.

Retiens bien la formulation exacte...

Enzu envisagea très vite que la danseuse dont il parlait était la connaissance dont Lumière et Ombre étaient à la recherche. Le reste était évidemment mystérieux à souhait. Enzu détestait les récits prophétiques. On ne les comprenait toujours que trop tard quoi qu'il en était. Comme lorsque la femme au cheveux d'argent et couvertes de bandages l'avait soigné de ses blessures. Quoique l'un comme l'autre ne semblait pas prédire l'avenir exactement.
"Elle traque la grande ennemie, elle tente d'approcher la mort."Traquer la mort ? ça n'avait pas de sens. Tout le monde la fuyait. S'il fallait la traquer, cela ne durait généralement pas longtemps, on l'approchait bien plus vite qu'on ne l'espérait.
Si c'était juste une forme détournée d'expliquer que cette personne était en danger, que ce qu'elle faisait lui attirerait des ennuis, il y aurait eu un millier de moyen de le dire clairement.
"Le bonheur des uns fera le malheur des autres." Une mise en garde ? C'était davantage une vérité courante.

Enzu nota tout ceci dans un coin de sa mémoire. Il fut troublé cependant que ce vieil homme lui eut répondu quelque chose, et lui rendait la bague. Ombre lui avait dit qu'il n'y avait rien à attendre en retour de la bague, tout comme elle ne lui avait pas dit de la ramener. La méfiance d'Enzu était à son comble.

Ce genre d'ermite n'attendaient-ils pas une forme de paiement pour leur prédictions ? Était-ce avisé d'accepter de la reprendre ? Le vieillard connaissait Ombre. Devait-il répondre à ses questions alors qu'elle lui avait demandé de communiquer un minimum ?

Enzu ne prit pas la bague. Il ne retourna que son visage par dessus son épaule, prêt à partir à tout instant.
"Je pense qu'elle va bien. Elle m'a cependant dit de ne pas m'attarder ici, et ne m'a pas non plus demandé de ramener la pierre. "

-Je vois.. Elle ne reviendra pas..

Enzu pu entendre le bruit du tissus qui se froissait, et les pas du vieillard sur le sol. Il semblait rentrer dans son terrier.

-J'ai entendu une dernière chose, à votre sujet cette fois. La grande ennemie pourrait s'enticher de vous. Prenez garde à bien choisir votre camp.

D'autre paroles mystérieuse. La grande ennemie ? Enzu pensait qu'il parlait de la mort de manière détournée la première fois, mais c'était visiblement d'une personne en chair et en os.

Le vieillard faisait peine à voir. Qui était-il pour Ombre ? Un parent ? Enzu pouvait compatir vis à vis de la condition de cet homme, vivant en ermite dans une rue puante et déserte, mais il pensait surtout que sa vie aurait été beaucoup plus simple s'il avait simplement laissé tomber son taudis pour vivre ailleurs. Soit il n'avait tout simplement pas le courage de déménager et il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui même, soit, et à cet pensée Enzu frissonna, il était responsable de l'état de la rue, et dans ce cas il n'y avait rien à faire pour lui.

Quoi qu'il en fut, Enzu n'attendit rien de plus du vieillard et repris son chemin vers l'auberge du Petit Poney Pendu.